Le PIB un indice économique mésadapté...

02.02.12 07:26 PM - Comment(s) - By Fabien Beaudet

Lorsque nous écoutons les médias et les analyses économiques qui y sont prodigués, nous entendons malheureusement toujours le même discours.  Voici à quoi il ressemble: tout mettre en oeuvre pour retrouver la croissance par la création d'activités économiques. Celui-ci fera hausser la consommation et les épargnes et générer la circulation des capitaux. Pour réaliser cela, un pays doit créer une zone économique compétitive,  donc mettre en place une fiscalité favorisant les entreprises qui taxera le moins possible les bénéfices de celles-ci tout en récompensant le risque des investissements. L'État est parfois partenaire dans un financement où encore il assume un risque ou par l'investissement de capitaux sur des infrastructures parallèles favorisant l'exploitation industrielle. Tout est modulé pour adapter l'environnement fiscal et d'affaires à la représentation de la réalité imposée de la mondialisation, qui fut vendue et achetée comme la voie menant vers la croissance pour tous. Mais jamais ne sera tenu compte de la capacité des écosystèmes à absorber l'activité. Il y a donc déconnexion entre notre vision de l'activité humaine par l'économie et de l'environnement.

L'activité économique est mesurée par le produit intérieur brut (PIB) qui tient compte de la production des biens et des services produits dans un pays. Il tient compte de tout, même de ce qui est improductif. Ainsi les embouteillages des grandes villes qui provoquent une consommation d'essence additionnelle sont intégrés dans la valeur du PIB. Les procès pour meurtres, les frais financiers, la génération des déchets, etc. ne sont pas soustraits de cette valeur. Il en est de même des dommages faits aux écosystèmes naturels. Une toute récente évaluation des impacts qu’aurait la prise en compte des dommages environnementaux provoqués aux services écologiques utilisés par 3 000 grandes corporations publiques de la planète montre qu’elles auraient été obligées d’y laisser le tiers de leur bénéfice net soit 2,2 trillions (e12) de dollars US pour l’année 2008. Notez que seulement sept pays ont un PIB plus grand que cette donnée. (Jowit, Juliette, 2010)

Cette déconnexion entre l’économie et la réalité de nos écosystèmes est responsable de l’état actuel de la planète. Cela ne laisse envisager rien de bon si rien ne change. «Dans notre civilisation moderne de haute technologie, il est facile d'oublier que l'économie, qui imprègne notre quotidien, dépend complètement des systèmes naturels de la terre et des ressources. Nous dépendons, par exemple, du système climatique de la terre pour un environnement propice à l'agriculture, sur le cycle hydrologique pour nous fournir l'eau douce et sur des processus géologiques à long terme pour convertir le rock en sol qui a fait la terre une planète biologiquement productive ». (Brown. L. 2009, p.16) Malgré tout, nous poursuivons notre route. Une collision se prépare entre notre civilisation rendue aveugle par la croissance et le progrès et l’effondrement des systèmes naturels de la planète. «(…) au niveau mondial, et dans la plupart des régions du monde, la biodiversité continue à se réduire à cause des politiques actuelles et des systèmes économiques qui n’appliquent pas les valeurs de la biodiversité dans les systèmes politiques ou de marché, et la plupart des politiques déjà en place attendent d’être complètement mises en œuvre ». (PNUE, 2007.)

Robert Kennedy (voir la vidéo) l'avait bien mentionné lors d'un discours qu'il prononça en 1968: les indicateurs supportant le PIB ou PNB ne reflètent pas la réalité. La crise économique et financière que nous traversons depuis bientôt quatre ans n'est toujours pas terminée. N'est-ce pas une indication que quelque chose ne va pas?

Que votre entreprise soit grande, moyenne ou petite, vous devez être sensibilisé à cette réalité dans le contexte de vos opérations. Elle est essentielle afin de voir au-delà de votre trimestre, au-delà des chiffres.

Quelle est la solidité de votre chaîne d'approvisionnement? En quoi la crise écologique pourra-t-elle vous affecter? Ce sujet sera traité ultérieurement.

DEVVI
    BROWN, Lester, (2009). Plan B. 4.0 – Mobilizing to save the civilization. New-York-London, W.W. Norton Book & Company, World Policy Institute, 199 p. JOWIT, Juliette, 2010. World’s top firms cause $2.2 tn of environmental damage, report estimates. Londres, guardian.co.uk, 18 février 2010. Programme des Nations Unies pour l’environnement – PNUE, (2007). L’environnement pour le développement, GEO 4, Royaume-Uni, 572 p.

Fabien Beaudet

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